Écrire quelque chose sur le net est tout de suite analysé,
décortiqué, chaque mot, enlevé de son contexte, est scanné, comparé à un
dictionnaire de mots interdits, subversifs. S’il y a une cellule de la phrase
qui matche alors la machine s’emballe. Elle crie au scandale, au racisme, au
machisme en fait à tout ce qui n’est pas lisse. Bizarrerie, on dirait que les critiques
des biens pensants ne passent pas par la même moulinette, tous les mots leur semblent permis.
Du fond de la salle machine, appelée salle blanche comme
symbole de pureté, l’algorithme veille, surveille même. Il passe au scanner
tout ce qui s’écrit sur la toile. Comme l’araignée, il prend les phrases dans
ses fils. On lui a appris les mots qui choquent ou pourraient déranger. Il
prend chaque élément de la phrase, s’il pouvait il analyserait au bit près, là
on en arriverait au substrat de la censure, à la fin du flot incessant déversé
sur le net. Donc à la fin de sa raison d’être. Pour l’instant il travaille au
mot près, aux maux près du peuple. Il peut être réveillé à tout moment,
l’alerte donnée il contre attaque avec sa base de bienveillance. Il enclenche
la routine de la bien pensance, celle alimentée par les ultras, les minorités
qui défendent leur pré carré au risque de piétiner le peu de liberté de tous.
La majorité est rendue silencieuse, seuls les plus virulents ont la parole.
Le flot de bit est permanent, pas un seul moment de
répit, la rivière numérique nourrit les fleuves de 0 et 1. Un seul élément
inversé et plus rien de cohérent. Les éléments se suivent, se bousculent, se
mélangent mais à l’arrivée ils se rassemblent pour former une opinion, une
blague, une insulte. Algo lui se dépatouille plus ou moins bien dans ce torrent
il trie, range, permet ou censure. C’est lui qui a le dernier mot.
Certains appellent cela « l’intelligence
artificielle », mais c’est un leurre. Il n’y a pas d’intelligence
là-dedans. Il y a la froideur, la rigueur. Algo est un esclave il fait tout ce
qu’on lui dit sans se poser des questions. Il est fait de zéro et un lui aussi
comme le flot qu’il surveille. Il s’abreuve de ce que l’humain lui donne, le digère
et s’enrichit dans la censure.
L’opinion est devenue comme ces machines, binaire.
Il n’y a plus que le bon et le mauvais, le bien et le mal. C’est l’intelligence,
artificielle celle là, que l’on veut nous vendre. L’opinion doit être tranchée,
tu es pour ou tu es contre. Tu ne dois pas être en questionnement,
tergiverser ; si tu commences à déclarer « oui mais.. Tu es catalogué aussitôt dans l’autre camp. C’est
la génération Twitter où il faut donner une opinion tranchée en moins de
mots possibles par manque de place. Il faudrait inventer un nouveau langage où
un mot résumerait une idée où il n’y aurait pas de demie-mesure ; ce serait
blanc ou noir. Les gens pensant gris seraient exclus de la toile, pas de temps
à perdre avec les modérés ils sont des empêcheurs de penser clair. C’est le
problème du référendum, difficile pour certains de trancher oui ou non sur une
question générique.
L’ère de Big Brother arrive à son apogée, maintenant
on a les outils pour mener l’information, à savoir qui est aux commandes ?
Avec les médias mainstream on pouvait avoir un esprit critique, ne pas avaler
tout ce qu’on nous servait. Internet
nous permettait justement de se retrouver entre gens qui voulaient être informés autrement. La récréation est finie, on va nous retirer notre outil ou
plutôt le contrôler afin de nous faire croire qu’on a une liberté de parole.
Forgez-vous une opinion tranchée, non contradictoire
ou alors restez muet.
Bienvenue dans le monde de la bien-pensance.
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mardi 1 février 2022
Au mot près!
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